Zéro, l'excellente note de Nour Eddine Lakhmari

Après neuf jours et neuf nuits qui ont célébré l’audace du septième art marocain et de l’inclination de ses cinéastes pour des thématiques diverses et audacieuses, le 14e Festival national du film de Tanger, a récompensé par son grand prix, « Zéro », de Nour-Eddine Lakhmari. Retour sur ces récits qui réécrivent l’histoire cinématographique et contemporaine de la région.  Le long-métrage de Nourredine Lakhmari, reflète bien le dynamisme et la bonne santé du cinéma du royaume chérifien.


TANGER – Le réalisateur marocain Noureddine Lakhmari est un homme heureux. Son long-métrage « Zéro » a déjoué tous les pronostics et remporté le Grand prix à l’issue de la 14ème édition du Festival national du film de Tanger qui s’est achevée samedi soir à la salle Roxy. Il faut dire que le jury a quelque peu surpris les cinéphiles car d’autres réalisations comme « Les chevaux de Dieu », le nouveau long-métrage de Nabil Ayouch (qui sera en compétition au Fespaco), « Al bayra, la vieille jeune fille » du « doyen » des cinéastes marocains, Mohamed Abderrahman Tazi, ou encore l’œuvre empreinte de poésie et de réalisme, « Vaine tentative de définir l’amour » de Hakim Belabbes, étaient également attendus. Mais le jury international présidé par le réalisateur, producteur et scénariste français, Jacques Dorfmann, a jeté son dévolu sur le film de Noureddine Lakhmari, un belle fiction de 111 minutes qui entraîne le spectateur dans l’univers glauque d’Amine Bertale, surnommé Zéro (interprété par Younès Bouab), un policier un peu ordinaire, à la vie simple mais assez tourmentée, presque toujours en conflit avec son père handicapé. Le commissaire, son supérieur, en rajoute une couche car trouvant un malin plaisir à l’humilier en toutes occasions. Seule sa copine, Mimi (Zineb Samara), une prostituée de 22 ans avec qui il traîne dans les ruelles de Casablanca, apporte un peu de piquant à sa vie. Dans un univers sombre où violence, corruption et quête d’argent facile se côtoient et rendent les êtres humains méconnaissables, Amine est une sorte d’antihéros marginal bourré de complexes et de craintes qui, malgré tout, tente de refaire sa vie ravagée par les doutes et les déceptions.
Le film « Zéro » a reçu d’autres distinctions : Prix du premier rôle masculin au jeune comédien Younes Bouab, Prix du second rôle féminin à Sonia Okacha pour sa brillante interprétation de Dr Kenza Amor et Prix du meilleur second rôle masculin décerné à titre posthume au grand acteur marocain, Mohamed Majd, pour l’interprétation de Abbas Bertale, le père du héros « Zéro ». Décédé le jeudi 24 janvier dernier à l’âge de 73 ans, il fut une figure marquante du cinéma marocain et avait joué dans de célèbres films tels que « Indigène » de Rachid Bouchareb, « La source des femmes » de Radu Mihaileanu, sélectionné en 2011 à  Cannes, « Une minute de soleil en moins » et « Ali Zaoua, Prince de la rue » de Nabil Ayouch, Etalon d’or de Yennenga au Fespaco 2001.
Lors de la soirée d’ouverture du Festival de Tanger, le 1er février dernier, un hommage émouvant avait été rendu à  Mohamed Majd (ainsi qu’à d’autres professionnels marocains disparus en 2012 et 2013) qui, durant sa longue carrière, a côtoyé des monstres sacrés du 7ème art comme Anthony Quinn en compagnie de qui il a joué dans la mythique fresque cinématographique, « Le Message » (1976) qui raconte la vie et l’œuvre du Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui). Ce film est réalisé par l’Américain d’origine syrienne, Moustapha Akkad, né à Alep en 1930 et décédé en novembre 2005 à Amman en compagnie de sa fille lors d’un attentat attribué à Al Qaïda). Le défunt comédien marocain avait également interprété le rôle de Said Hossein Hashimi dans « Syriana » de Stephen Gaghan, aux côtés de George Clooney et Matt Damon.
A l’issue du Festival de Tanger, d’autres films ont reçu des distinctions. Parmi ces réalisations, citons « Tinghir-Jérusalem : les échos du Mekkah », du jeune Kamal Hachkar qui s’est vu attribuer le Prix de la première œuvre. Un documentaire qui avait créé une petite polémique lors de sa projection, le mardi 5 février, avec des manifestations d’hostilité de quelques dizaines de personnes brandissant, devant la salle, le drapeau de la Palestine et qui estimaient que le film était favorable à la politique sioniste d’Israël. Pourtant, l’œuvre tournée entre le Maroc et Israël est comme un appel à la réconciliation entre musulmans et juifs. Elle retrace l’histoire d’une communauté d’Arabes (juifs et berbères) qui ont été presque contraints de quitter leur village de Tinghir au Maroc pour s’installer en Israël à la fin des années 1950. Le film « Malak » d’Abdeslam Kelai a remporté le Prix du scénario. Quant au long-métrage « Les chevaux de Dieu » de Nabil Ayouch, il a reçu les Prix de l’image et de la musique originale. Le film de Hakim Belabbes, « Vaine tentative de définir l’amour », est reparti avec le Prix du montage.
Dans la section des courts-métrages dont le jury était présidé par l’expert en communication, Ahmed Akhchichine, le Grand prix a été attribué à « La cible » de Munir Abbar, jeune cinéaste de Tanger. Le Prix du scénario est revenu à « Margelle » d’Omar Mouldouira et le Prix spécial du jury à Mohammed Mounna, auteur de « Ça tourne ».

De Modou Mamoune FAYE – Soleil on line

Voir la bande annonce de « Zéro »

Zero film de Nour-Eddine Lakhmari sorti en 2012


Bio de Nour-Eddine Lakhmari

Natif de Safi (Maroc) en 1964, Nour-Eddine Lakhmari troque ses études de pharmacie pour faire du cinéma. Vers le milieu des années 80, le jeune cinéaste s’installe en Norvège et réalise ses premiers courts métrages dont plusieurs ont été primés. Ce qui lui a permis d’entrer à l’Académie de cinéma d’Oslo, tout en tournant d’autres courts métrages, abordant différents thèmes sur des personnages immigrés.
Son premier long métrage «Le Regard», sorti en 2005, remporte plusieurs prix et séduit les critiques scandinaves et marocaines. Lakhmari reprend la caméra avec les quatre premiers épisodes de la série policière télévisée «El Kadia» pour 2M. Puis, réalise son second long métrage, «Casa Negra», qui sort sur les écrans marocains, en décembre 2008, et détient plus de vingt prix internationaux.
La troisième production de Nour-Eddine Lakhmari, ayant eu le privilège de participer à la compétition officielle du 12e Festival international du film de Marrakech, est intitulée «Zéro». Un titre qui en dit long sur le personnage du film, dont le vécu est parsemé de lâcheté, de peur et de complexe d’infériorité. Sa sortie nationale aura lieu le 19 décembre 2012. Actuellement, Lakhmari prépare son quatrième long métrage «Le Retour», mettant en affiche la star marocaine Saïd Taghmaoui.

2 Responses to "Zéro, l'excellente note de Nour Eddine Lakhmari"

  1. admin  14 février 2013 at 16 h 15 min

    Après Casa Negra que j’avais trouvé génial sur le Black Casa, j’ai hâte de découvrir « Zero »

    Répondre
  2. admin  14 février 2013 at 16 h 15 min

    Après Casa Negra que j’avais trouvé génial sur le Black Casa, j’ai hâte de découvrir « Zero »

    Répondre

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