Ceux de M'sallah, la Vie après l'héroïne!

Très intéressante et courageuse initiative de François-Olivier Louail, ex journaliste à la radio Medi1, de réaliser ce film pour contribuer à lutter contre la drogue, le VIH et la dépendance dans les quartiers défavorisés de Tanger. Pour lui c’est également une nouvelle page de sa vie professionnelle qui s’ouvre en devenant auteur et réalisateur de film après 20 ans de journalisme en France et au Maroc.

A gauche, François-Olivier Louail et Dorian Houguenade à la caméra sur le tournage de "Ceux de M'sallah" à Tanger

Cet enfant du Beaujolais a émigré à Tanger depuis près de 10 ans pour raison professionnelle. Son métier de journaliste et sa personnalité dénotent chez lui un sens très affirmé de l’écoute et de l’observation. Ce sont ces qualités doublées d’une forte détermination qui vont l’orienter vers un nouvel outil d’expression: le cinéma documentaire. Un cinéma d’investigation et d’aide à la découverte voire à la résolution de problèmes majeurs pour les personnes en difficultés. C’est la facette altruiste de sa démarche qu’ il a déjà développée dans son action pour « 100% Mamans », association d’entraide aux mamans marocaines célibataires présidée par Claire Trichot.  Ainsi il est parfaitement armé pour démarrer ce combat contre l’addiction.

Le documentaire « Ceux de M’sallah,  La vie après l’héroïne » sera diffusé sur tv2m, dimanche 1er décembre dans la « case » documentaire « Des Histoires et des hommes ».

Paul Brichet

Tanger et la drogue, l’histoire est longue.

Proche du Rif et de ses plantations de cannabis, le port figure sur les cartes du trafic international. S’y ajoute son passé, sa tradition de fronde, et son image sublimée par des générations d’artistes. De quoi nourrir bien des fantasmes, pour une réalité aujourd’hui plus banale : plusieurs milliers d’individus sous dépendance : héroïne, cocaïne, psychotropes, solvants, etc.

Mais Tanger est aussi la ville du Maroc, où a été lancée la contre-offensive, appelée «réduction des risques» (RDR). Son principe : prévenir la transmission de virus (VIH, hépatites, etc.) entre individus dépendants, et promouvoir le «traitement» de l’addiction, notamment par le recours à la méthadone. Le substitutif, délivré à Tanger depuis 2010, est prescrit aujourd’hui à quelque trois cents patients. Une approche sanitaire, définie de façon concertée par les autorités marocaines, les médecins, les intervenants sociaux, mais aussi des instances internationales telles que l’ONUSIDA.

« Cette réalité, je l’ai découverte au contact des acteurs de la RDR. Journaliste installé à Tanger depuis 2004, et moi-même impliqué dans la vie associative locale, j’ai été frappé par leur engagement et leur mobilisation envers un public particulièrement exclu et stigmatisé. Puis j’ai fait la connaissance des « usagers », et appris à dépasser mes propres représentations du consommateur de drogue dure » déclare t-il. D’où ce projet de documentaire pour mettre en lumière l’action de la société civile marocaine, ses combats dans un environnement social précaire.

Les premiers repérages m’ont convaincu qu’une histoire particulière se jouait à M’Sallah, quartier populaire et animé, à quelques encablures des boulevards principaux de Tanger. Ancienne « capitale de l’injection d’héroïne », M’Sallah a été la cible prioritaire de l’action de RDR avec des résultats aujourd’hui probants. C’est un laboratoire à ciel ouvert, permettant de montrer la mise en œuvre de stratégies pour endiguer la contagion, et faire refluer la consommation de stupéfiants.

Si l’usage de drogue est un phénomène universel, les représentations qui s’y attachent, et les réponses qu’on y apporte, éclairent chaque société dans sa singularité. Cette consommation est-elle considérée comme une tradition, une transgression ou un fléau ? Quelle place pour la solidarité ? le libre arbitre ? le droit à la santé ?

Par des histoires particulières, des relations de quartier, et par une observation des pratiques thérapeutiques, ce projet documentaire dresse le tableau complexe d’une expérience sanitaire. Ceux de M’sallah se veut à la fois le récit d’une action sociale probante, une réflexion sur la dépendance et un éclairage porté sur la mobilisation de la société civile au Maroc.

François-Olivier Louail
http://ceuxdemsallah.com/

« Ceux de M’sallah » est un film documentaire de 52′ tourné à Tanger en avril 2013, avec la collaboration active de l’Association Hasnouna de Soutien des Usagers de Drogue (AHSUD) et grâce à l’appui financier du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme.

Le pitch
Il symbolisait l’emprise des drogues dures à Tanger, le quartier de M’sallah s’est transformé. C’est le résultat d’une approche progressiste de lutte contre la toxicomanie, appelée la réduction des risques.
L’échange de seringues, l’accompagnement social, et la prescription de méthadone ont ouvert la voie à une relation nouvelle avec les consommateurs de drogue. Libérés de leur dépendance, « ceux de M’sallah » sont les exemples vivants qu’une vie existe après l’héroïne.

L’équipe
Auteur : François-Olivier Louail
Production : Bab Elle Production – Maud Ninauve & Fouzia Rmiki
Images : Dorian Houguenade
Son : Hassan Chantibi
Montage : Maud Ninauve
Post-production : Redouane Ahjir
Musique de générique : « Air » (c) Dorian Houguenade

Extraits

Le documentaire « Ceux de M’sallah,  La vie après l’héroïne » sera diffusé sur tv2m, dimanche 1er décembre dans la « case » documentaire « Des Histoires et des hommes ».

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