« Prendre le large », un hommage au milieu ouvrier de Tanger

Le réalisateur Gaël Morel a présenté à l’Institut Français de Casablanca « Prendre le large », son septième long-métrage. Un drame français sur fond d’immigration avec, dans le rôle principal, l’actrice française Sandrine Bonnaire. Presque entièrement tourné au Maroc, à Tanger, le film dépeint une trajectoire individuelle mêlée de rencontres, pour une histoire optimiste et empreinte de soleil.

Film Prendre le large tourné à Tanger

« Une histoire d’immigration vue sous un autre angle »

Le nouveau film de Gaël Morel est un hommage au milieu ouvrier. Dans ce portrait en lien avec son temps, avec parfois la force d’un documentaire social, il dénonce l’agonie de la classe ouvrière française et met le doigt sur les conditions de travail difficiles au Maroc. Un pan que l’on découvre à travers le regard d’Édith, incarnée par Sandrine Bonnaire, bouleversée par un plan social au sein de l’usine de tissu dans laquelle elle travaille depuis toujours, jusqu’au jour où son atelier est délocalisé à Tanger. L’unique alternative au chômage est d’accepter un reclassement au Maroc. Sans attache et seule face à ce choix avec un fils travaillant loin d’elle, Édith va accepter de partir.

Si les premiers pas de l’ouvrière dans cette nouvelle usine et ce pays inconnu sont difficiles, elle va vite se lier d’amitié avec Mina, interprétée par Mouna Fettou, qui tient la chambre où elle loge. Avec cette relation, sa vie va prendre un autre tournant. « C’est une histoire d’immigration vue sous un autre angle », raconte Mouna Fettou. « Le travail de Gaël m’a beaucoup touché, surtout la façon dont il présente Mina, cette femme marocaine forte et libre qui se bat pour son fils. Au fond, je pense que les deux femmes principales du film se ressemblent beaucoup car ce sont avant tout deux mères », dit l’actrice marocaine.

Présentation de Prendre le large à Casablanca
Sandrine Bonnaire, Gaël Morel et Mouna Fettou, lors de la présentation de « Prendre le large »

Le Maroc, un choix évident

Gaël Morel a côtoyé pendant de nombreuses années le royaume, et y tourner sa septième réalisation n’était pas un hasard. « J’ai vécu au Maroc pour travailler, écrire et voir mes amis. Je voulais faire quelque chose de tout ce temps passé dans ce pays. En France, j’ai grandi avec des amis d’origine maghrébine, c’est une culture qui est restée, que j’ai toujours côtoyée. Je trouvais que dans leur foyer, il y avait de la fantaisie et de la joie », confie le cinéaste.

Pour s’imprégner de cette culture et apporter davantage de réalisme au film, Gaël Morel s’est associé à l’écrivain Rachid O pour écrire le scénario. « C’était capital de m’entourer de quelqu’un qui avait une connaissance intime de ce pays. Finalement, cette histoire est assez universelle. On est tous des parents, on a tous des enfants et on a tous été des enfants ».

Ce projet de découverte culturelle a beaucoup séduit l’actrice Sandrine Bonnaire. « Tourner au Maroc a été très intéressant. J’ai découvert Tanger, que je ne connaissais pas. Ce qui est beau dans ce film, c’est surtout le mélange de cultures et la rencontre avec ce nouveau pays et toutes les personnes qui l’entourent », dit-elle.

Avec « Prendre le large », Gaël Morel réussit le pari d’inverser l’habituel schéma de l’immigration économique, avec une histoire de vie sincère et touchante. Sandrine Bonnaire et Gaël Morel ont présenté le 3 mars à la Cinémathèque de Tanger, pour la dernière date de présentation au Maroc du long-métrage.

HuffPost Maroc | Par Tom Gagnou

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