Le jeune tangérois Souleymane Berrada présente son premier roman « Le Baigneur » à la librairie les insolites de Tanger le lundi 28 juillet à 19h. Venez nombreux découvrir ce jeune écrivain prometteur.
Souleymane Berrada, jeune auteur marocain natif de Tanger, propose son premier roman « Le Baigneur », qui a été présenté au festival du livre de Paris en avril 2025 au Grand Palais. Cet ouvrage est publié dans la collection de formats courts « Le secret des comètes » des éditions Le Soupirail. Découvrez ce jeune auteur aux insolites de Tanger le 28 juillet prochain.
« Cette double atteinte à l’intimité satisfaisait ma curiosité, mon désir »
« Le Baigneur » est une immersion dans le lieu clos du hammam, un texte tout en sensualité poétique, érotisme, où l’eau est une mémoire réfléchissante, source d’éveil à la volupté et à l’ attirance masculine.
Il est des lieux qui n’ont pas fini de faire rêver et fantasmer…
Au cœur de Fès, à cet âge-charnière entre l’enfance et l’adolescence, le narrateur nous immerge dans l’univers clos du hammam, lieu de l’éveil. La présence de l’eau, du mouvement, des parfums, des jeux de lumière, des lignes des corps, des bruissements, le fascinent et le submergent dans l’évocation de plaisirs érotiques le renvoyant à tout l’imaginaire de l’Orientalisme pictural et littéraire. Dans ce lieu « à part », hors de la société, il s’approprie son corps et s’autorise le trouble et l’émoi que suscite la vision d’un jeune homme, Ismaël, s’interrogeant sur cette frontière si ténue, invisible, entre les règles et la puissance du désir.
Les premiers mots du roman « Le Baigneur »
« Je vais et je reviens. Je cours dans tous les sens, glisse entre les bras, les ventres, les cuisses. Un mouvement vif, surpris, sec, émane du bout du chemin, on m’arrête, me plonge, me noie dans un grand seau d’eau. Je vais et je reviens. Nager dans le bleu, je peux le faire sans cesse. Je vais et je reviens. Comblé par l’existence. Je cours dans tous les sens. Je cours avec une ardeur extrême à contre-courant entre les seaux d’eau bouillante en bois, poursuivi toujours par cette phrase, cette même phrase pathétique, répétitive, dominante, cette rengaine idolâtrée par toutes les mamans du monde qui préféreraient être conduites au martyre que de liquider de leur langage ces deux mots : fais attention ! Or les comptes ne seront jamais liquidés, puisque nous n’aurons jamais fini de jouer, et elles, de crier : fais attention ! Je vais et je reviens. J’entends à nouveau des brouhahas, des sons, des vociférations, et puis cet écoulement inéluctable de l’eau chaude comme une cascade. La même phrase me poursuit, emplie de la peur qui accompagne généralement cette pensée, et mon devoir de bon enfant d’obéir à cette peur qui ne m’appartient pas. Cette peur de l’autre, l’ivresse puérile d’aller au-delà, s’élèvent au fur et à mesure que je remonte dans ma mémoire avec une pleine lucidité. Brume large, sensuelle, envoûtante, chaleureuse. Regardons tous ces gens qui s’époumonent, gesticulent, lancent des appels. Regardons ces innombrables mouvements de bras, de jambes, de têtes. Regardons la graisse, la taille, le pied mignon de ces corps nus de femmes de toutes les formes, et qui avaient au milieu des échos retentissants, invisibles, anxieux, furtifs, quelque chose de presque touchant. »
A propos de Souleymane Berrada
Souleymane Berrada est né le 26 février 2001 à Tanger. Il est diplômé en littérature française (licencié ès lettres). A l’âge de 16 ans, il fait sa première apparition au théâtre avec la Comédie de Tanger, troupe de théâtre franco-marocaine fondée par Philippe Lorin. En 2022, il est nommé par Françoise et Daniel Aron, secrétaire de la Fondation pour la photographie de Tanger. « Le Baigneur » est son premier roman.
Librairie les insolites
28, rue Khalid Ibn Oualid
Tanger

