Gallery Kent nous propose une belle conjugaison artistique avec l’exposition collective « Ma’joun » de deux artistes Mohamed Benyaïch et Mehdi Abdellatif du 27 octobre au 27 novembre.

Faire se réunir le travail de Mohamed Benyaïch et celui de Mehdi Abdellatif n’est en rien une addition, ni même une multiplication. Les deux artistes se conjuguent plutôt à la puissance de leur rencontre, un projet exposant deux extrêmes, terriblement exponentiel! Leurs deux humanités écorchées s’assemblent pour nous offrir, à Gallery Kent, un nouveau message : celui d’un peu d’espoir à entretenir malgré tout le doute attisé par nos contingences. Promesse qui demeure entièrement contenue dans tout ce que nos deux artistes chamaliens sont capables de liberté. Une liberté arrachée à cor et à cri à un environnement conservateur et traditionaliste, où depuis les débuts de leur art, et avant chaque crucifixion, ils se permettent la nudité, l’alcool, la fête, les frôlements, le désir, le plaisir…

Les corps à l’épreuve de la vie, peints par les deux compères, sont marqués par ce combat de toujours. Gueules cassées de la guerre sans fin du désordre poétique contre l’ordre en place, ces personnages n’en sourient pas moins au monde : qu’il est bon d’avoir été brisé pour une bonne cause. Fiers et sûrs de leur bon droit, à la fête, ils avalent une bouchée de ma’joun, délice chocolaté et herbacé aux vertus d’enivrement, avant de lever leurs verres aux futurs affrontements et aux promesses de querelle, puis d’éclater d’un rire franc et irrépressible à en effrayer tous les bien-pensants: les personnages disloqués de Mohamed Benyaïch et de Mehdi Abdellatif le savent : ils sont du bon côté du monde, du bon côté de l’histoire, du bon côté de la vie. Leur marginalité est une centralité. Leur griserie est aussi confondante que le trouble qu’éprouve un oracle à recevoir la parole : ils connaissent les vertiges de ceux qui ont accès à la vérité. Ils souffrent, ces hommes et ces femmes peints par nos deux compères, cela se voit ; ils souffrent du regard de leurs contemporains ; ils souffrent de devoir endurer leur propre clairvoyance ; mais ils jouissent, car ils n’ont pas peur de leur plaisir et moins encore du regard du ciel, qui toujours restera du côté des justes et des innocents.    Curator/ Ilias Selfati

Philippe Guiguet Bologne

GALLERY KENT
9, Rua JABHA WATANIYA
Tangier

  Gallery Kent, Medhi Abdellatif, mohamed Benyaich