Solly, polytalents…

Affiche du spectacle de Solly Lévy à Paris en 2005

Solly Lévy est un homme de talent.

Je suis au pied du mur. Un peu inconsidérément j’ai promis d’écrire un article sur Lévy Solly, et m’y voici.

Mais parler d’un ami est une entreprise délicate, louvoiement entre flagornerie et ingratitude, entre enthousiasme effréné et critique imméritée.

Toujours est-il que Solly est un homme de talent et même de multiples talents indéniables.

Professeur de formation, il est un pédagogue né. Ancien du Lycée Regnault, il s’y initia au latin et au grec ancien qu’il abandonna en seconde car il était seul en section A.  Comme il dit avec ironie : « cela coûtait cher à la France de mobiliser un agrégé de Lettres pour un petit juif de la rue de la Casbah ! ».

Solly Lévy (cercle orange) au Lycée Regnault de Tanger (année 1948/49)

En réalité, il brûlait de s’attaquer à l’étude de la langue espagnole qu’il  poursuivra à Rabat, avec un mémoire sur les symboles de la Kabbale dans l’œuvre de Borges (je cite de mémoire). C’est là, la dualité constante de la personnalité de Solly : il est homme de culture et de foi.

Rapidement il s’intéresse à la langue des judéo-marocains, la haquetia, langue parlée à base de vieil espagnol, d’arabe dialectal et de divers autres apports. Cette langue qui tend à disparaître car elle est orale et de moins en moins parlée, Solly veut qu’elle survive et il va en faire une langue écrite et même une langue d’écrivain. Il écrit Le Livre de Selomo. Soit le livre de Salomon en haquetia. Le livre de Solly donc.

Et il fait des conférences partout où vivent des sefardim et il joue des sketches au Canada où il vit, en Amérique du Sud, en Espagne, en Bulgarie, en France…

Voilà son deuxième talent, Solly est un homme de théâtre. A douze ans déjà il brûle les planches dans la Farce de Maître Patelin dans la salle Beckett de Tanger, ex-Bastianelli. Il ne cesse de jouer et de mettre en scène ses élèves n’hésitant pas à traduire Molière en haquetia. Et aussi des jeunes motivés, à Montréal, dont Gad Elmaleh, bien connu depuis.

Autre talent notoire, Solly chante fort bien. De tout temps il anime des chorales et au besoin en crée et les dirige. Bien sûr, sa foi omniprésente lui fait retrouver des chants  hébraïques un peu oubliés qu’il ressuscite et enregistre.

J’allais oublier : il tourne au Québec un film sur la présence juive dans la société québécoise où il est un vieux sage de trois cents ans, allégorie réussie et appréciée.

SCATTERING OF SEEDS, A. Ep.36: « A Sephardic Journey: Solly Levy…From Morocco to Montreal »

Voilà pour ce qui est des talents de Solly. Dans ce foisonnement, je m’en voudrais d’oublier que Solly est un mari, un père, un grand-père débordant d’amour.

Il est aussi un ami délicieux : c’est mon ami.

Jean-Claude Thébault

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