Hannele Väre-Salonen, l’artiste-voyageuse.

La librairie les insolites présente une exposition de Hannele Väre-Salonen intitulée « Lumières, Tanger ». Aquarelle & encre de chine sur papier.  Jusqu’au 17 mars 2022.

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Exposition Hannele Vare-Salonen

Originaire de Helsinki (Finlande), Hannele Väre-Salonen, ”artiste-voyageuse”, a commencé son itinérance artistique dans une école des beaux-arts à Paris. De retour à Helsinki, elle entreprit une maitrise en philologie romane qui lui permit de développer une certaine acuité au phénomène des échanges culturels et leur impact décisif sur la formation et l’enrichissement des mentalités.

Plusieurs séjours en Espagne, Italie, Allemagne, Suède et Russie lui permirent, en outre, d’acquérir une sensibilité plus accrue aux notions d’altérité et d’étrangeté.

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Traductrice officielle de métier, elle eut l’occasion d’être confrontée de près aux problèmes liés à l’immigration. Installée au Maroc depuis 2017, à Fès d’abord et ensuite à Tanger, Hannele Väre-Salonen vit son oeuvre enrichie par un nouvel aspect culturel: les rapports Orient/Occident, dans leurs contradictions comme dans leurs complémentarités.

L’oeil de Hannele Väre-Salonen est un oeil vif, critique, mais d’une grande sensibilité : C’est un oeil humain en gros. Un regard qui peut, à la rigueur, être critique, mais qui ne juge pas, ni ne stigmatise les différences culturelles.

L’esthétique de Hannele Väre-Salonen, considérée par certains comme « naïve », a sans doute à voir avec le Naïf, à savoir ce regard neuf, primesautier, ce regard d’enfant encore capable de s’étonner. Or, qu’est-ce que l’art sinon cette capacité toujours nouvelle de toujours s’étonner?

Hannele privilégie l’encre, le coup de pinceau à l’encre sans esquisse préalable. Preuve de maîtrise – d’une maîtrise intérieure – les monochromes de Hannele consignent l’instant de passage dans le dépouillement et la sobriété du contraste entre un blanc et un noir, entre l’Ouvert du blanc et le noir de la trace qui consigne.

Geste »pictographique » par excellence, le dépouillement des formes rappelle la pictographie rupestre, cette consignation de la beauté et de l’angoisse caractéristiques de l’artiste (du premier artiste) de la grotte.

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Les hommes dits primitifs étaient des nomades. Des nomades qui, pourtant, ont laissé des traces indélébiles sur les parois des grottes, leurs lieux de séjours provisoires.

Le séjour est toujours provisoire. C’est ainsi que Hannele s’attelle à sa tâche de « consigner » ses pérégrinations ; les pérégrinations incessantes des hominiens. Comme si elle voulait dire que, dans cette seule vie que nous avons, nous ne sommes que des « migrants ».

Vivant à Tanger, Hannele Väre-Salonen a eu l’occasion de voir de près la détresse de l’humain… tous ces enfants SDF qui n’ont qu’un seul rêve : traverser, aller sur l’autre rive. Ce rêve « édénique » (pour utiliser l’expression de Walter Benjamin) confisqué par la seule réalité de devenir un Sans Domicile Fixe, une sorte d’épave de bateau qui rêve de naviguer. Rêve devenu cauchemar, projection onirique réduite en un statu quo des plus mortels. Ils sont là. Ils dorment, ils luttent pour survivre, ils se réveillent et regardent les quelques kilomètres de mer qui les séparent de leur rêve. Ils redeviennent sédentaires. C’est le mot de Maurice Blanchot dans Thomas l’Obscur : « Thomas s’assit et regarda la mer ».

Par Hicham BENCHRIF

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