Les Gnawas de Tanger rendent hommage à leur frère Randy Weston

Voici un communiqué touchant des Gnawas de Tanger

Randy Weston, le pianiste nord-américain qui a retrouvé ses racines et ses origines dans la spiritualité et la musique Gnawa est mort dans la paix des dieux Gnawa le 1er septembre à Brooklyn.

Brooklyn, avril 1926 – (Tanger 1972) – Brooklyn, 1er septembre 2018

Randy Weston et les Gnawas

Hier, à son domicile de Brooklyn, à l’aube du 1er Septembre, avec sa famille, sans gêne apparente quand il est allé au lit, Randy Weston est mort paisiblement. Le grand pianiste de jazz américain, qui a trouvé au Maroc et surtout à Tanger avec son ami Abdellahh Boulkheir « l’Gourd » les origines rythmiques et mélodiques de son inspiration musicale en tant que compositeur.

Déjà dans les premiers jours en tant que professionnel, il a reçu la reconnaissance des lecteurs du magazine « Down Beat », et depuis lors, la carrière de Randy s’est développée grâce à sa sensibilité extraordinaire de « compilateur » de l’histoire, de la culture et de la spiritualité afro-américaine qui se reflète dans sa musique. Ancré dans presque tous les courants de ce genre (blues, jazz, gospel, bop …) il a construit sa personnalité en faisant un intelligent mélange de tous ces éléments, créant un style pianistique allant du boogie-woogie ou du bop, aux dissonances uniques du free-jazz, dont les sources principales sont ses maîtres Thelonious Monk et le lengendaire Abullah Ibrahim.

Weston-Morocco-Tanger

La relation de Randy Weston avec la musique maghrébine est ancienne. Selon Webislam, déjà à la fin des années cinquante, l’arrangeur et compositeur Melba Liston lui a fait découvrir les secrets des traditions musicales africaines. Et en 1967, après une longue tournée en Afrique, Weston s’est installé à Tanger et à Marrakech. La magie de la ville du Nord, sa mythologie et son atmosphère cosmopolite connue à ce moment-là, le séduisit et il s’installa avec sa famille à Tanger, où il a ouvert le premier club de jazz  « African Rythms Club », où ont été présentées des célébrités telles que Dexter Gordon,
Ahmed Abdulmalik, Marvin Gaye, Billy Harper, James Brown, Stevie Wonder, Cecil Bridgewater et bien d’autres. Le résultat de cette activité internationale du jazz et de l’amitié intense avec l’afrotangerino Maallem Abdellah « Le Gourd » depuis 1967, l’a conduit à affronter ensemble la reconstruction biographique de la musique Gnawa de cette génération. Le point culminant était le concert organisé en 1972 à la Plaza de Toros, (haut lieu des réjouissances espagnoles) qui marquait la création du 1er Festival International de Jazz de Tanger.

Disque Randy Weston avec les Gnawas
Portada del Long Play « The Spendid Master Gnawa Musicians of Marrocco ». 1992.

Son album « Les Magnifiques maître musiciens gnawa du Maroc », enregistré le 17 Septembre 1992 à la lueur des bougies dans le célèbre hôtel La Mamounia (Marrakech), a été nominé pour un Grammy. Réunir les anciens maîtres Gnawa sur un disque était un rêve de Randy et Abdellah El Gourd, qui avait été le premier gnawi, a enregistrer plusieurs guembris ensemble. Il a appelé neuf maîtres de Tanger, Marrakech, Casablanca, Sale et Essauira. Certains d’entre eux ne s’étaient pas vus depuis quarante ans.

Auparavant, le résultat de cette influence gnawa-marocaine était le travail de disque qui a définitivement placé Weston sur l’Olympe des grands créateurs du jazz moderne. « Les esprits des ancêtres » est un chef-d’œuvre du jazz contemporain, et certainement l’un des grands albums de la fin du XXe siècle. Enregistré à New York en 1991, l’album spiritualité africaine véhiculée de manière parfaite, il explicite brillamment les racines afro-américaines du blues et a été salué unanimement par la critique.

Son père, Frank Edward Weston, cuisinier, fut celui qui lui parlait des civilisations africaines et des écrits de Marcus Garvey. Il a répété au petit Randy qu’il était un Africain né en Amérique et qu’un jour il reviendrait à la Terre Mère.

Et le fils n’a pas fait le contraire: il suffit de marcher sur le continent africain pour savoir que c’est sa maison et celle de son peuple. Alors que les autres musiciens de jazz sont partis en Europe, il a voyagé en Afrique. Il a dit un jour que « Si vous enlevez l’élément africain de la samba, de la bossa nova, du blues ou du jazz, il ne vous reste plus rien ».

Depuis les années soixante, il n’a cessé d’inspirer et de jouer de la musique gnawi jusqu’à l’aube, moment où il est décédé chez lui à Brooklyn, New York.

De la Medina de Tanger, Maroc, repose en paix, cher ami et frère Randy.

Dar Gnawa Tanger. Maallem Abdellah “El Gourd”
Contact: 00212 672854837 – 00212 696147543

Pour continuer à vivre avec le son Weston >

One Response to "Les Gnawas de Tanger rendent hommage à leur frère Randy Weston"

  1. genevieve brichet  8 septembre 2018 at 8 h 11 min

    Randy Weston était un grand homme, tant sur le plan musical que spirituel. Il a apporté beaucoup à la musique Gnawa. Que sa mémoire perdure !

    Répondre

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