Rachel Muyal, la belle mémoire des "Colonnes"

Célébrité à Tanger, ville qu’elle aime de tout son coeur, Rachel Muyal se réjouit de la réouverture de la librairie Les Colonnes
dans laquelle elle a oeuvré pendant 25 ans, jusqu’en 1999 plus exactement….

Tanger ne serait pas Tanger sans « Les Colonnes  » dit elle … cette librairie devenue mythique  doit exister et continuer à être pour les Tangérois un phare culturel…

Rachel Muyal, muse des Colonnes pendant 25 ans

Prenant en 1973 la suite des soeurs Gerofi qui avaient donné à ce lieu son esprit et sa renommée, elle a « habité » cette institution, avec une passion et un enthousiasme qui n’ont jamais décliné… Favoriser les rencontres et encourager toutes formes d’expressions pour la liberté furent son cheval de bataille.

Rachel a innové les « signatures d’auteurs  » et perpétué le rayonnement et l’image de la librairie avec une énergie à toute épreuve et une volonté de  gestion saine et cohérente. Elle peut ainsi se féliciter d’avoir laissé, par exemple, le meilleur souvenir à tous les éditeurs sollicités… En 1995, la Librairie des Colonnes a été élue par Edicom premier prix international du meilleur  service  et qualité..
Et elle est fière d’avoir été faite Chevalier des Arts et des Lettres en France le 15 Février 1996.
A présent,l’histoire des Colonnes va se ranimer et suivre son cours dans le respect du mythe mais avec aussi les méthodes différentes d’une nouvelle équipe avec Simon-Pierre Hamelin aux commandes.

Mais, Rachel Muyal  est une partie de sa mémoire …

Aujourd’hui, elle mise  à fond sur le renaissance de l’établissement (fort bien rénové ajoute t-elle sans trahir le charme d’antan) et, forte de son expérience, donne volontiers un  conseil, si on le lui demande …

A la Librairie des Colonnes de Tanger

L’époque n’est certes plus la même avec  l’informatique et la puissance d »internet… « Quand j’ai quitté la librairie, le premier logiciel y arrivait… »  dit-elle amusée …

Autre temps, autres moeurs … pas de querelles d’Anciens et de Modernes  !!!

Elle  espère que la Librairie Les Colonnes retrouvera dés à présent tout son retentissement culturel après les quelques dernières années sombres d’un lent engourdissement qui ont suivi son départ à la retraite…

Aujourd’hui généraliste, la Librairie des Colonnes veut reprendre, sous l’impulsion de Pierre Bergé, sa vocation méditerranéenne. La part belle sera ainsi faite aux lettres maghrébines. Mais la littérature espagnole, italienne, turque, voire américaine, ne seront pas en reste. Des œuvres jusque-là bannies “pour des considérations politiques ou économiques” devraient également refaire surface. Le fonds sera quadruplé, passant de 2 000 à 8 000 titres. Pierre Bergé parviendra-t-il à redonner à l’endroit ses lettres de noblesse ?
Rachel Muyal y croit : “Cet homme a la baraka : tous ses projets se sont transformés en succès”, estime-t-elle.

Et, si elle a réalisé un charmant petit livre qui retrace son aventure d’un quart de siècle aux Colonnes, ce n’est certes pas pour donner des leçons mais pour exprimer le bonheur qui l’a entrainée dans cette aventure et ne l’a jamais quittée…

Son carnet d’adresse en ferait rêver beaucoup… Mais il est toujours en service !!!  Très active et présente sur la scène Tangéroise, elle rayonne  dans de nombreux cercles,  ne cessant d’encourager toute initiative culturelle intéressante et d’actions bienfaitrices dans de nombreuses associations…

Nostalgie parfois ? Oui peut-être : Rachel est aussi une mémoire de la communauté juive de cette ville qui ne compte

plus que 75 membres à peu près. Mémoire précieuse qui ne doit pas avoir de fin.

Je ne résiste pas à conter une anecdote de notre conversation. Je parlais d’un livre que j’aime beaucoup et que je relis  à Tanger depuis que j’y suis installée « Le Quatuor d’Alexandrie « de Durrel. Rachel me confie soudain qu’elle a rencontré ici un des personnages de ce roman, Cléa, et elle ajoute « vous savez pourquoi Tanger est une ville fantastique ? c’est parce qu’il y a beaucoup de croisements … »
C’est tout à fait vrai !!!

Merci de vous avoir croisée, Madame !

Aïch Bengio

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