Un grand livre, pour un grand artiste sur Abdelkrim Ouazzani.

Gallery Kent publie un livre sur le plasticien Abdelkrim Ouazzani retraçant sa trajectoire artistique avec des images de ses oeuvres, un récit, des témoignages…

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Abdelkrim Ouazzani

Et voici le nouvel ouvrage qui vient de paraître, auquel j’ai eu la chance de contribuer dès le début du projet… Fier d’en être le co-auteur ! On le trouve à Gallery Kent, dans toutes les librairies sur commande et sur livremoi.ma

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Abdelkrim OuazzaniAbdelkrim Ouazzani, qui est aujourd’hui l’une des figures les plus importantes et les plus appréciées de la scène marocaine de l’art contemporain, a importé la Figuration libre – et ses affranchissements – au Maroc dans les années 80, a formé plusieurs générations d’artistes de premier plan en dirigeant – avec un succès célébré par tous – l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan pendant une vingtaine d’années, école dont le rayonnement actuel lui est entièrement redevable ; il a suscité et permis le débat dans les milieux culturels marocains post-hassaniens, et il a participé, malgré lui presque, à la création d’un véritable marché de l’art national qui a aidé à rationaliser l’échange des œuvres avec les collectionneurs, les institutions et les investisseurs. Aucune monographie relatant ce parcours d’exception ne lui était pourtant consacrée jusque-là.

Gallery Kent a donc décidé de palier ce manque et publie ce beau-livre sur la vie et l’œuvre de la figure septentrionale de la seconde génération des plasticiens historiques du Royaume : cent quatre-vingts-quatorze pages de propos à bâton rompu, de couleurs façon Ouazzani, de témoignages, d’archives et de sourire. Un grand livre pour un grand artiste. Avec la participation du philosophe et écrivain Moulin El Aroussi (Le jeu et le voyage, en tant que réflexion sur le devenir humain), de l’enseignant-chercheur Abdelkrim Chiguer (Fragments d’avenir), du poète Philippe Guiguet Bologne (Abdelkrim Ouazzani en toute liberté) et de Charafdine Majdouline.

Philippe Guiguet-Bologne

Extraits…

« – Vous croyez donc au caractère chamanique de l’activité de l’artiste ? L’inspiration passerait par vous sans que vous décidiez totalement de ce que vous faites…

– L’artiste ne sait faire que de l’art. Il compose avec ses mains et ses yeux, et sans doute avec un autre élément difficilement explicable, mais qui serait, je crois, l’amour pour l’art lui-même. Il en va dans l’art comme dans la religion. Quand je travaille, j’ai aussi le même comportement avec mon œuvre que celui que je peux manifester avec un autre être humain : face à moi se trouve un support avec lequel je dois communiquer, qu’il s’agisse de la toile ou de l’idée elle-même. Il faut qu’il y ait communication. Je croise parfois certains objets qui me donnent le sentiment de m’interpeler pour me demander de faire quelque chose avec eux : quand je me ballade dans une ferraille, une roue peut m’attirer et c’est à partir de cette rencontre que naîtra l’œuvre.

– Vous laisseriez donc une place au hasard ?

– Non, jamais, il ne s’agit vraiment pas du hasard. Je choisis tout. Même quand je prends une photographie, je ne fais que des choix, de cadre et de lumière : le hasard peut s’y exprimer s’il s’y passe quelque chose inattendu, voire d’improbable : ça existe, je ne le nie pas. Mais dans l’art, en général, il n’entre que très peu de hasard. En revanche, une œuvre peut donner un sentiment de ce qu’est le hasard, et ce sentiment-là, sa fragilité, un côté ténu et inattendu, saura lui conférer une certaine beauté. Quand Daniel Spoerri prenait des bouteilles et les collait sur une table, il piégeait le hasard en faisant ses capsules de temps. C’est parfaitement intéressant : le mouvement des Nouveaux réalistes a beaucoup apporté à l’art et en a complètement changé notre conception. Le hasard est là, il faut vivre avec lui, mais il ne faut pas qu’il prenne le dessus. Par exemple, les monotypes entièrement conçus sur le mode du hasard ne sont en rien de l’art à mes yeux. La gravure le serait un peu plus, car l’artiste y décide encore de ce qui sera vu.

Un peintre qui projette sa peinture sur la toile compte sur le hasard, mais c’est très loin de mon univers ; certains artistes mélangent de l’eau, de l’huile de lin et des pigments pour produire une sorte de papier à la cuve : c’est absolument à l’opposé de ma démarche. Pour moi, toutes ces techniques et ces gestes, n’ont plus aucun intérêt sortis de la période expérimentale des années 30 aux années 60. En plus, dans mon travail, je me dois de raconter quelque chose…

– Votre art est donc très narratif ?

– Bien sûr, tout ce que je fais est narratif ! (…) »

Se procurer le livre

Abdelkrim Ouazzani est disponible dans toutes les librairies du Maroc, à Gallery Kent et sur livremoi.ma.

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