Belles dames et quelques gigolos…

Lillian Boutté & The Gigolos

Extraordinaire Lilian Boutté, petite bombe créole avec un cœur gros comme ça. Si la joie n’existait pas, elle l’aurait inventée et remercie Tanger d’honorer « one of the most beautiful thing given to the world : jazz music ». Sœur sourire, elle fait ramper à ses pieds son sax en folie et joue à flirter avec son boys band – the Gigolos – français pour l’essentiel. Trente ans que Blanche Neige trimballe ses sept nains de scène en scène, qu’elle les adore mais est heureuse de les voir ensuite rentrer chez eux. Entre une déchirante « Louisiana, they tried to wash us away » fouaillant la plaie encore à vif (« Shame on Bush ! ») et l’hommage à Satchmo – son unique prédécesseur au titre d’Ambassadeur de la Nouvelle Orléans : « What a wonderful world », reprise en chorale par les gradins conquis de la scène BMCI. Deux heures de pur bonheur… « C’est si bon, si bon si bon si bon », confirment le rappel et une grosse dose de « Meurci bôcouuuu » et « Bizooooo » !

Indoors, c’est Saturday night fever, audience plus jeune et plus corporate : Casa Rabat est venu prendre un cours de cool à Tanger. Sur scène, de la couleur, encore de la couleur ! Zoot suits canari sous les ors et les zouaks du Club, costards pastel et pompes en daim bleu sur les planches du Palace Renault ; une sacré pulsion et du coffre chez le jeune quadra parisien, Matthieu Boré, un peu branleur un peu charmeur, qui démantibule et dévalise les standards avec ses trois comparses sapés comme des milords ; de la méthode et du glamour vintage chez les Jive Aces, Véronique et Davina d’un swing survitaminé, matiné d’esprit rude boys, indémodable et agréé par la Couronne d’Angleterre. Matthieu est en haut et croone « I’m just a gigolo », Ian, Big, Alex, Vince, Peter and Bilky sont en bas et répondent en écho « Gigolo gigolo gigolo gigolo » !

Douloureuse Roberta Gambarini, sauvagement attaquée par un shawarma pervers. Va t-elle pouvoir monter sur scène ? On décale, on intercale. Bons camarades, ses confrères prolongent leurs sets. Le styliste Taji fait défiler au jardin ses modèles improvisés, oulad kasbah, nippés des frusques de Casa Barata, fausse marques et vrais looks pour un style urbain de crise… Et enfin Roberta ressuscita, rayonnante en caftan de mariée, écrin d’une voie prodigieuse aussi fluide qu’un sax, avec la tessiture d’un basson ayant convolé avec un soprane, ou l’inverse ? Ample dans les graves, déliée dans les aigus, percussive, nette, une diction shakespearienne, une expression de tragédienne. S’appuyant sur un des meilleurs line up de la scène US dont Justin Robinson, l’immarcescible sax de Roy Hargrove, elle sublime les soli cultes et ensoleillés de Dizzie Gillespie, Sonny Rollings et Sonny Stitts… Polyglotte, vocalisant couramment le newyorkais, le français délicat, l’espagnol jocailleux, l’italien matinée de brésilien, le scat soft et même la trompette à bouche ! Sortez de ce corps big bands mythiques, chutes du Niagara, tribus cheyennes, rapide Vintimille-Turin !!!

Comment un p’tit sandwich indélicat a-t-il pu ébranler pareil édifice ? Sublime, on vous dit. Sublime de courage aussi d’avoir su faire face aux malotrus vissés aux bars qui polluèrent son set de bout en bout d’une ambiance de hall de gare. Faudra-t-il installer un barrage anti cons à l’entrée des prochaines éditions (vaste programme) ou virer les bars ? Débat ouvert.

On laissa ensuite les juniors métissés de Terrakota s’expliquer avec le jeune public et finir de carboniser la piste du Palace… Bye bye chbebs, escort boys et autres gigolpinces de Lady Jazz. Et vous Mesdames, merci encore et buena notte. Love and bizoooo !

Dimanche, jour des regrets et des enfants : ne pas manquer d’éduquer sa progéniture au Tanjazz des Enfants – meilleur remède anti c… – avec le prof Roger Cactus et ses Muzicaloustiks (14h30, scène BMCI Palais, gratuit pour les gosses de 7 à 777 mois).

Affectueusement votre

Denis Germain

6 Responses to "Belles dames et quelques gigolos…"

  1. balthazar  25 septembre 2011 at 23 h 39 min

    c’est comme si on y était!

    Répondre
  2. balthazar  25 septembre 2011 at 23 h 39 min

    c’est comme si on y était!

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  3. fatima  27 septembre 2011 at 18 h 07 min

    on a passé un moment de rêve avec lilian boutté cette diva du jazz music , merci aux organisateurs du festival c’etait vraiment une réussite à l’année prochaine

    Répondre
  4. fatima  27 septembre 2011 at 18 h 07 min

    on a passé un moment de rêve avec lilian boutté cette diva du jazz music , merci aux organisateurs du festival c’etait vraiment une réussite à l’année prochaine

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  5. el kebir  29 septembre 2011 at 22 h 26 min

    Bien vu (et entendu biensûr) ds l’ensemble, surtout pour Roberta G et Lilian B (les autres cités ne leur arrivent pas à la cheville…)mais de grâce un peu de rigueur en ce qui concerne l’orthographe des musiciens cités : Dizzy Gillespie, Sonny Rollins, Sonny Stitt.
    En tt cas je souscris pieds et mains à vos suggestions pour la scène Renault
    Amicalement

    Répondre
  6. el kebir  29 septembre 2011 at 22 h 26 min

    Bien vu (et entendu biensûr) ds l’ensemble, surtout pour Roberta G et Lilian B (les autres cités ne leur arrivent pas à la cheville…)mais de grâce un peu de rigueur en ce qui concerne l’orthographe des musiciens cités : Dizzy Gillespie, Sonny Rollins, Sonny Stitt.
    En tt cas je souscris pieds et mains à vos suggestions pour la scène Renault
    Amicalement

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