Philippe Guiguet Bologne nous livre son dernier opus, un récit intitulé « Le grand large », qui questionne ce que sont l’oasis et son désert…
Quand nous pensions trouver dans le désert une forme de sérénité, un détachement du monde matériel, quand nous croyions y déceler une liberté toute d’immatérialité, nous n’y avons levé que nos propres vides. Pour qui n’y est pas né et qui n’en vit pas, le désert est une réalité en creux où consigner nos seuls fantasmes, des plus élevés jusqu’aux plus éculés. Philippe Guiguet-Bologne a effectué quelques séjours à Tata, sur le seuil du Sahara, pour aller questionner ce que sont l’oasis et son désert. Il y a trouvé un petit paradis, un temps qui échappe encore à son époque, des hommes dont le sourire est tracé par la conscience d’être là, et toute une volière d’oiseaux. Il a aussi percé une vaste inquiétude, un sentiment de mort hantant les ruines d’un monde méprisé par la modernité et anéanti par une ère qui ne se repaît que d’instantanéité, quand le désert est nourri d’éternité et d’atemporalité. Le grand large est le récit de cette découverte, accompagnée par toutes les considérations sur ce que signifie faire humanité et sur quel sens peut avoir l’écriture face à tout cela.
Extrait : « La grâce de l’homme de Tata se traduit par un trait des plus touchants : ici, les hommes sont un sourire. Ils sourient pour rien et presque en permanence, au vent et au ciel, pour le plaisir de sourire pourrait-on croire. Comme s’ils tenaient à obliger le reste du monde à se plier à leur douceur. Ce sourire est bien plus profond qu’un simple signe de félicité passagère : ils le portent comme une étoile au fond du cœur, une petite lumière qui perdure à travers les générations et les aléas de la vie et qui luirait pour rappeler qu’ils viennent du paradis, qu’ils le savent et que l’oasis a été créée pour qu’en chaque seconde de leur existence ils s’en souviennent. Un sourire comme une mémoire antédiluvienne du séjour dans l’Éden. Les hommes, ici, arborent le sourire d’Adam, avant que Dieu ne lui ait dessillé les yeux et quand il ne connaissait encore du monde que sa beauté et son harmonie : le sourire d’un éblouissement originel et qui naît de la satisfaction, de la grâce et de la volupté que l’humanité n’aurait jamais dû perdre, puisqu’elle se dit l’œuvre consciente et créée à l’image de son Créateur. »
Le grand large vient de paraître chez L’Harmattan.
Il est possible de se le procurer chez votre libraire ou sur https://www.editions-harmattan.fr/catalogue/livre/le-grand-large-1/77967.