« Leila Alaoui, une traversée de l’oeuvre », jusqu’au 30 juin.

La Fondation Leila Alaoui de Marrakech et l’Institut Français de Tanger présentent l’exposition: « Leila Alaoui, une traversée de l’oeuvre » avec la participation de Camille Lepage à la Galerie Delacroix de l’Institut français jusqu’au 30 juin 2022.
Cette exposition fait écho à celle de l’Institut Cervantès de Tanger « Les Marocains » qui se tiendra jusqu’au 24 juin 2022, commissariat : José Tono.

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Leila Alaoui à la Galerie Delacroix de Tanger

La vie de Leila Alaoui a été placée sous le signe de la traversée. Enfant et adolescente elle a d’abord traversé la Méditerranée de Paris à Marrakech, puis l’Atlantique de Marrakech à New York, avant de faire le trajet en sens inverse pour revenir au Maroc une fois ses études terminées. Un retour qui a paradoxalement marqué le début d’une vie ponctuée de voyages et de longues étapes, notamment à Beyrouth, mais cette fois un appareil photo à la main. Sa dernière traversée, l’ultime, la plus énigmatique, celle dont les Anciens pensaient qu’elle se fait sur la barque de Charon, a eu lieu trop tôt. Blessée par balles à Ouagadougou dans une attaque terroriste alors qu’elle réalisait un reportage pour Amnesty International, elle devait mourir trois jours plus tard, le 18 janvier 2016, des suites de ses blessures. Leila avait trente-trois ans.

Elle laissait derrière elle un travail marqué par le souci de l’autre, la curiosité pour l’ailleurs, la volonté de témoigner de son époque. Elle a ainsi d’abord livré une série de portraits d’artistes marocains. Des images sensibles et même tendres à travers lesquelles on devine que beaucoup étaient ses amis.

Elle a ensuite choisi, au croisement du photoreportage et de la photographie humaniste, de témoigner de la vie des déshérités de Jordanie et du Maroc aussi bien que de celle des réfugiés syriens au Liban. Un travail qui faisait écho à celui d’une autre photographe morte trop jeune en Afrique, Camille Lepage, et qui devait donner lieu en 2018 à une exposition commune posthume, Une fragile poésie.

À la même période, Leila Alaoui qui avait traversé tant de mers, s’intéressait à ceux qui, n’en ayant traversé aucune, rêvaient de le faire. Tous ces migrants, d’où qu’ils viennent, qui essayaient de gagner l’Europe, souvent au péril de leur vie. La série photographique No pasara et la vidéo Crossings leur sont consacrées. L’une et l’autre n’ont rien perdu de leur actualité et nous rappellent à un devoir de solidarité. Plus profondément, l’une et l’autre résonnent avec ce beau mot d’Albert Camus : « Le bonheur est la plus grande des conquêtes, celle qu’on fait contre le destin qui nous est imposé. »

La vidéo Crossings marque une inflexion dans le travail de Leila Alaoui, tout comme sa désormais célèbre série Les Marocains qui est présentée en ce moment même à l’Institut Cervantes. Quand son parcours a été brutalement interrompu, l’artiste franco-marocaine se tournait résolument vers la vidéo et vers la photographie plasticienne, rejoignant ainsi le champ de l’art contemporain. Elle qui avait déjà franchi tant de frontières était en train d’en  traverser une nouvelle. Qui sait jusqu’où elle nous aurait conduits ?

Guillaume de Sardes, commissaire de l’exposition.

 

A propos de Leila Alaoui  Photographe – Vidéaste – 1982–2016

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Artiste franco-marocaine née en 1982, Leila Alaoui a étudié la photographie à l’université de la ville de New-York. Elle a vécu entre Paris, Marrakech et Beyrouth. Son travail explore l’identité, les diversités culturelles et la migration dans l’espace méditerranéen. Elle a utilisé la photographie et la vidéo et a développé un langage visuel aux limites du documentaire et des arts plastiques. Son travail est exposé internationalement depuis 2009 (Art Dubaï, Institut du monde arabe) et est apparu notamment dans le New York Times et Vogue. Elle fut représentée par les galeries Art Factum (Beyrouth), East Wing Dubaï et Voice (Marrakech).

Leila Alaoui est décédée à seulement 33 ans, le 18 janvier 2016 à Ouagadougou. Elle avait été grièvement blessée par balle lors des attentats du 15 janvier alors qu’elle était attablée à un restaurant pris pour cible des attaques. Elle travaillait alors, en partenariat avec Amnesty International, sur un projet documentaire sur les violences faites aux femmes en Afrique de l’Ouest.

 

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