Les 15 recommandations de Medays 2014. Très bien et après comment fait-on concrètement ?

Tanger, ville à la confluence de l’Afrique et de l’Europe, de la Méditerranée et de l’Atlantique, ville riche de son histoire diplomatique, de son brassage culturel et de son patrimoine international, a accueilli sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, la 7 ème édition du Forum international MEDays. Les experts du forum 2014, présentent leurs 15 recommandations.


Du 12 au 15 novembre, au terme de ces quatre journées de dialogues et de débats consacrées à l’absence de stabilité dans le monde, la présente déclaration est rendue publique.

Sur la base de 10 considérations majeures, Medays 2014 va étayer la présentations de ses 15 recommandations.

– Considérant la montée en puissance de la terreur organisée, représentée notamment par l’émergence de l’Etat Islamique, et le danger qu’elle pose à la stabilité globale.

– Considérant les conflits sectaires, tribaux, religieux qui déchirent le monde arabe suite à l’impasse politique post-révolutions.

– Considérant les transitions difficiles au sein des pays du Printemps Arabe et saluant la réussite prometteuse des élections tunisiennes.

– Considérant les risques sécuritaires, dont l’épicentre en Irak et en Syrie, menace de se propager en un conflit régional, à portée mondiale.

– Considérant l’enlisement du conflit israélo-palestinien, les récents bombardements meurtriers de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, les violences à Al Qods Al Cherif (Jérusalem) et le report de la reprise des négociations.

– Considérant la croissance économique inégale et non équitable dans certaines parties du monde, l’exploitation injuste des corporations et multinationales, et un néo-colonialisme grandissant.

– Considérant la dépendance économique et technologique des pays du Sud vis-à-vis des pays développés et les déséquilibres inhérents.

– Considérant l’impossibilité d’envisager un développement mondial durable basé sur des énergies fossiles limitées, polluantes et de plus en plus onéreuses.

– Considérant les transitions difficiles au sein des pays du Printemps Arabe et saluant la réussite prometteuse des élections tunisiennes.

– Considérant enfin, les décisions importantes que doit prendre la communauté internationale en concert, dans le cadre des organisations internationales, avec une logique plus inclusive.

Entendues les positions et les propositions des éminents leaders, le Forum MEDays émet les 15 recommandations suivantes en vue de répondre aux nombreux défis socio-économiques, politiques et sécuritaires auxquels fait face aujourd’hui le monde avec une intensité aussi exacerbée qu’imprévisible:

I. Recommandations sur la crise libyenne :

– Nous appelons à réunir en urgence à la Mecque, Sous L’égide du Serviteurs des Lieux Saints, l’ensemble des acteurs de la crise libyenne, rejetant toute forme de terrorisme, en vue de conduire le processus de réconciliation national inclusif, appelant toutes les forces vives de la Nation libyenne, autour d’un projet politique commun.

– Nous encourageons l’ONU, et le Représentant Spécial du SG, M. Bernardino Léon Gross, à poursuivre leurs efforts pour rappeler les parties en conflit à leurs devoirs humanitaires et les conduire à entamer des négociations pérennes et durables.

– Nous invitons la Communauté Internationale à envisager la solution à la crise libyenne dans son cadre régional naturel, à savoir ses espaces maghrébin et sahélien. Le CEN-SAD et l’UMA devraient être davantage impliqués pour la mise en œuvre d’une solution pérenne à la crise libyenne. Les initiatives solitaires et les tentatives d’exclusion sont contreproductives, voire dangereuses à l’avenir, pour l’ensemble de la bande sahélo-saharienne.

– Nous rappelons la nécessité de mettre en œuvre au Sahel, un mécanisme de consultation et d’échange d’informations ainsi qu’un mécanisme d’alerte précoce pour lutter efficacement contre la porosité des frontières et contre les trafics en tous genres (drogue, armes et êtres humains).

– Cette démarche, comme proposé dans la Déclaration de Tanger 2013, doit évoluer vers un dialogue de concertation récurrent et sectoriel 5+5 (Maghreb + Sahel), à l’image du format de discussion en Méditerranée Occidentale.

II. Recommandations sur le conflit israélo-palestinien :

– Il est fondamental de pouvoir profiter de la large sympathie internationale actuelle en faveur de la cause palestinienne, pour relancer le processus visant à la solution des deux Etats viables dans les frontières de 1967. Aujourd’hui, il n’existe pas (ou plus) de plan de paix et les interlocuteurs semblent être inconciliables.

– Nous appuyons le consensus qui émerge au sein de la Communauté Internationale, qui consiste à admettre que le Processus de Paix ne peut être réellement relancé de manière crédible, que si des sanctions sont prises à l’encontre d’Israël.

– Nous devons, œuvrer sans relâche à la reconnaissance de l’Etat de la Palestine par davantage de pays et à son élévation au statut d’Etat membre de l’ONU.

– Enfin, le conflit israélo-palestinien ne saurait être résolu, sans en amont, la consolidation de la réconciliation Fatah – Hamas.

III. Recommandations sur la gouvernance au sein des institutions internationales :

– Nous appelons à l’élargissement du G20 à 5 représentants non permanents élus pour un mandat de 2 ans par le G77, coalition formée de 132 pays en développement.

– Il est nécessaire de mettre en place les outils d’une meilleure coordination diplomatique entre les pays du Sud, afin de peser avec plus de force et d’efficacité, dans les agoras et foras internationaux

– Nous rappelons l’urgence de la réforme au Conseil de Sécurité de l’ONU afin d’assurer plus de représentativité des nouvelles puissances régionales et pas seulement les pays victorieux de la deuxième guerre mondiale.

IV. Recommandations en matière de développement socioéconomique :

– Nous encourageons l’intégration économique régionale, notamment sur le continent africain, à travers à la mise en œuvre de stratégies sectorielles et territoriales intégrées.

– Nous appelons au renforcement de la libre circulation et de la mobilité entre les pays européens et africains, avec pour priorité les étudiants, les chercheurs, les entreprises, les acteurs de la société civile et de la culture pour renforcer le co-développement et le capital humain.

– Nous proposons la mise en œuvre d’un projet phare à travers un partenariat pour l’accès à l’énergie en Afrique. Le continent présente d’importantes carences en énergie et particulièrement en matière d’électricité. Fort de son expérience et de son modèle de partenariat public-privé, le Maroc peut faire valoir son expertise en matière d’électrification (PERG) en Afrique. Ce projet permettra le développement de nouvelles capacités, propres et fossiles, pour sécuriser l’alimentation des villes et l’électrification rurale. Il pourra à terme, permettre de créer un marché d’électricité régional unifié et durable, à travers l’interconnexion des réseaux électriques européens et marocains aux réseaux Ouest africains. L’objectif étant d’assurer aux Etats un approvisionnement électrique fiable à coûts compétitifs.

Tout au long de ces quatre jours, nous avons ensemble semé des graines d’espoir que nous avons arrosées de savoir et de compréhension mutuelle. Si cette déclaration de Tanger avec ces 15 recommandations s’en veulent les premiers germes, les liens de solidarité et d’amitié qui se créent ici chaque année depuis maintenant 7 ans doivent en être les racines. Comme dirait Voltaire, c’est à nous de cultiver ce jardin avec passion et conviction pour ne pas laisser périr l’espoir de voir un jour le chaos laisser place à un ordre apollinien.

Fait à Tanger, le 15 novembre 2014

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