L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient seront-ils invivables vers 2100 ?

Des climatologues ont prédit que les températures extrêmes et les vagues de chaleur vont augmenter en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Si rien n’est fait pour lutter contre le réchauffement climatique, ces régions finiront par devenir invivables pour des centaines de millions de personnes au cours de ce siècle. Une prédiction à garder en tête au moment de la COP 23 et alors que plusieurs experts pensent que ce but ne pourra pas être atteint dans les temps sans développer l’énergie nucléaire.

Pollution atmosphérique dans la ville du Caire
Une vue du Caire en plein smog avec en arrière plan les pyramides floutées par la pollution avec des pointes de chaleur à plus de 40 degrés.

 

Le bulletin météo de 2050 prévoit de fortes chaleurs À quoi pourrait ressembler le bulletin météo en 2050 ? En partenariat avec l’Organisation Météorologique Mondiale, une simulation avait été réalisée à l’occasion de la COP 20, en 2014, et diffusée par Météo France. Les études menées depuis n’ont guère changé les prédictions.

Les habitués des vidéos des conférences de Jean-Marc Jancovici ne seront nullement étonnés par une publication récente de chercheurs de l’Institut Max Plank de chimie en Allemagne et l’Institut de Chypre. Elle donne plus de poids à l’idée que les changements climatiques qui sont en cours en Afrique du Nord et au Moyen-Orient vont déstabiliser fortement ces régions, poussant des dizaines voire des centaines de millions de personnes d’ici la fin du XXIe siècle à émigrer. Les températures, les ondes de chaleurs et les  tempêtes de poussières risquent de rendre ces régions absolument invivables, et ce, sans compter la  diminution de la pluviosité qui est déjà observée, menaçant la production de nourriture.

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont conduit des simulations avec 26 modèles  climatiques différents et en examinant deux scénarios distincts : l’un, idéal, que les émissions de gaz à effet de serre diminueraient en 2040 du fait de l’action concertée et responsable des pays, l’autre que la biosphère serait gérée selon le scénario « business-as-usual ». Même dans le meilleur des cas, les conclusions atteintes et qui sont exposées dans le journal  Climatic Change restent inquiétantes.

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Dans une de ses conférences, à l’ESPCI Paris Tech le jeudi 19 novembre 2015, Jean-Marc Jancovici explique les liens existant entre énergie, changement climatique et histoire des sociétés humaines. Il met en garde contre les risques de guerres que ces liens impliquent. © Jean-Marc Jancovici, YouTube

100 à 200 jours de canicules à l’horizon 2100 ?

En effet, en tout état de cause, les températures en été vont augmenter au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et ce, non seulement jusqu’à deux fois plus rapidement que la moyenne pour la Planète mais peut-être aussi d’un facteur deux. Même en maintenant cette augmentation à 2 °C, les températures en été, certains jours, pourraient ne pas descendre en dessous de 30 °C la nuit et atteindre 46 °C la journée. Surtout, alors qu’entre 1986 et 2005, il faisait très chaud pendant une durée moyenne d’environ 16 jours, ce chiffre pourrait être porté à 80 vers 2050 et plus de 100 vers 2100. Si rien n’est fait, que ce soit en utilisant massivement des  énergies renouvelables ou en séquestrant le CO2, ce chiffre sera même de 200.

Temparatures Afrique du nord en 2100

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la température moyenne en hiver augmentera d’environ 2,5 degrés Celsius (à gauche) vers le milieu du siècle, et en été d’environ cinq degrés Celsius (à droite) si les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter selon le scénario business-as-usual (RCP8,5). © MPI 

Et comme si cela ne suffisait pas, les chercheurs prévoient aussi une augmentation des vagues de chaleur peut-être d’un facteur 10. On n’ose imaginer ce qui se produirait alors pour des populations fragilisées par l’âge et entassées dans des villes où l’eau serait rare et la  climatisation impossible par manque d’énergie. Surtout que l’on constate déjà que la poussière du désert dans l’atmosphère au-dessus de l’Arabie Saoudite, l’Irak et en Syrie a augmenté jusqu’à 70 % depuis le début de ce siècle et que cela devrait continuer, élevant du même coup la pollution de l’air.

Sur les quelque 500 millions de personnes vivant en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, combien hélas ne pourront pas quitter leurs pays (pour aller où?) ? La réponse à cette question va certainement déterminer l’Histoire autour du bassin méditerranéen au cours de ce siècle.

Laurent Sacco – Futura Sciences

 

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